Fiche-identité de l’action
Porteurs du projet :
- Ville de Montpellier
- Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de l’Hérault
- Centre régional de coordination du dépistage des cancers – Occitanie (CRCDC)
Statut du projet : En cours
Échelle : Ville de Montpellier
Thématique traitée : Santé des femmes, dépistage organisé des cancers
Public visé : Femmes en QPV
Partenaires opérationnels : Associations en santé, médico-social et social, structures d’exercice coordonné, chef·fes de projets territoriaux dans le cadre du Contrat de ville, coordonnateur du Contrat local de santé…
Partenaires financiers : Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM), CPTS, Ville de Montpellier C
Gouvernance : Ville de Montpellier, Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM)
Moyens affectés : 4,5 ETP (3 ETP CPAM, 0.5 ETP ville de Montpellier et 1 ETP CRCDC) et 15 personnes mobilisées (associations, CHU de Montpellier) sur les deux mois du programme
Contexte et problématiques
Présentation de l’unité santé de la ville : la création de liens et de projets communs au sein du service de la cohésion sociale
Le projet « 100 % des femmes accompagnées vers le dépistage organisé des cancers dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville » est porté par l’unité santé de la ville de Montpellier qui se situe au sein du service de la cohésion sociale.
Au sein de ce service, quatre thématiques sont portées :
- La santé, via l’unité santé ;
- L’accessibilité ;
- La lutte contre les exclusions ;
- La lutte contre les discriminations, pour les droits des femmes et l’égalité femmes-hommes.
« Cette structuration permet en elle-même de créer des liens et des projets communs entre ces différentes thématiques », souligne le responsable de l’unité santé. Le service politique de la ville en charge du contrat de ville est un service distinct du service cohésion sociale. Il est toutefois intégré à la même direction (égalité et territoires), ce qui permet de faciliter les synergies entre les différentes politiques publiques.
L’équipe de l’unité santé est constituée de trois personnes :
- Un responsable d’unité ;
- Un coordonnateur du Contact local de santé (CLS) signé en 2022 avec l’ARS suite à la réalisation du diagnostic territorial de santé[1];
- Une coordinatrice de la Ma.P – l’unité mobile de prévention santé[2] (pour plus d’informations, cliquez ici). Ce bus est pluri thématiques et adaptable en fonction des contextes et des sujets de prévention (la santé mentale des jeunes, la question du dépistage, la précarité menstruelle, …)
Un diagnostic territorial mettant en avant les difficultés de dépistage dans certains QPV
Des données préoccupantes ont été identifiées dans le cadre du diagnostic territorial de santé puis renforcée par des données de la CPAM dans certains quartiers prioritaires. Il s’agit d’un taux de dépistage inférieur à celui du département. Par exemple, lors du lancement du programme (septembre 2022), un écart de 16 points a été constaté entre le taux de dépistage du cancer du sein sur le quartier Celleneuve/Petit Bard Pergola/Cévennes (42,77 %) et le reste du département (88,09 %).
De l’animation d’un collectif « Octobre rose » à la mise en place d’un programme de promotion du dépistage organisé des cancers
Depuis de nombreuses années, la ville et la CPAM animaient un collectif « Octobre rose » avec pour objectif de coordonner les actions déployées dans le cadre du mois d’octobre. L’arrivée d’un nouvel exécutif municipal associée à la volonté de la CPAM de soutenir des programmes d’actions de proximité ont permis l’émergence d’un nouveau programme, collectif, systémique et global, nommé « 100 % des femmes accompagnées dans les quartiers prioritaires de la ville », organisé deux fois par an dans deux quartiers différents.
Ainsi, la ville de Montpellier et la CPAM se sont entourées de partenaires, membres du collectif « Octobre rose » mais aussi de nombreux acteur·trices engagés sur les différents quartiers prioritaires : professionnel·les de santé (CPTS notamment), associations issues des champs de la santé, du social, de l’éducation et du sport. Ce collectif réunit également des structures publiques comme les maisons pour tous, la mairie annexe, le Club de l’âge d’or et surtout des habitant·es afin d’enrichir et d’adapter le projet.
L’association Mammobile ainsi que les centres de radiologie agréés permettent aux femmes de prendre des rendez-vous pour les mammographies plus facilement. L’unité mobile de prévention santé de la ville (Ma.P) a également été associée aux actions.
La collaboration avec la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) et le Centre régional de coordination de dépistage des cancers (CRCDC – Occitanie) se poursuit avec des journées Santé femmes
En complément du programme « 100% des femmes accompagnées », des journées « Santé des femmes » portées conjointement par la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM), le CRCDC et la ville de Montpellier sont également organisées sur le territoire, dans une volonté d’élargir la prévention à d’autres déterminants de la santé. Ainsi, il a été décidé d’agréger d’autres thématiques lors de ces journées sur la santé des femmes, comme la santé mentale, la nutrition, la santé physique et l’accès aux droits.
Objectifs
Objectif général
Promouvoir, pendant deux mois, l’accès au dépistage organisé des cancers dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) de Montpellier.
Objectifs spécifiques
– Accompagner 80 % des femmes éligibles vers le dépistage organisé des cancers ;
– Organiser au sein des quartiers des actions de dépistage pour atteindre 50 % des femmes éligibles dépistées ;
– Sensibiliser et renforcer les connaissances des femmes des quartiers prioritaires sur les cancers ainsi que sur les dépistages.
Description de l’action et éléments saillants
Le repérage des femmes non dépistées par la CPAM
À partir des extractions de données réalisées par la CPAM, l’objectif est de repérer les femmes non dépistées depuis deux ans sur les trois cancers (âgées de 50 à 74 ans pour le sein et le colon, de 25 à 65 ans pour le col de l’utérus). Elles sont appelées et invitées à une journée organisée sous forme de « village santé » avec le Mammobile, des professionnel·les de santé (gynécologues qui peuvent effectuer des consultations ainsi que des frottis) mais aussi de nombreuses associations santé et de proximité. Le CRCDC agit principalement sur le champ du dépistage colorectal en assurant la délivrance de kits associés. Les femmes éligibles peuvent être aussi redirigées vers des centres de radiologie agréés. Un partenariat est mis en place par l’assurance maladie de l’Hérault avec les centres de radiologie agréés pour ouvrir des créneaux de rendez-vous spécifiques aux femmes accompagnées.
La formation des acteur·trices de proximité par le CRCDC ou la Ligue contre le cancer
Plusieurs acteur·trices ont été formé·es à délivrer des messages de prévention relatifs à la prévention et au dépistage des cancers auprès de leur public. Il s’agit principalement d’acteur·trices qui œuvrent dans le champ de l’alphabétisation, de l’accompagnement dans les démarches administratives et d’accès aux droits, les intervenant.es sociaux, … Les personnes formées sont ensuite des acteurs relais de messages au sein de leur structure. Ces formations se déroulent sur une demi-journée.
L’association des acteur·trices de proximité dans le programme afin de répondre aux besoins de terrain
Ces acteur·trices très engagé·es dans les QPV ont un rôle fondamental de médiation en santé. Certain·es sont devenu·es des interprètes ou des médiateur·trices pour le compte du programme. Ils peuvent aussi être relai des besoins locaux : « Lors d’une intervention auprès de femmes de la communauté gitane, nous avons associé en amont du projet une associations de femmes du quartier. Elles nous ont fait remonter l’absence de consultation d’une sage-femme ou d’un gynécologue depuis leur dernière grossesse. Certaines d’entre elles étant âgées de 50 à 60 ans. Nous avons donc pu faire venir au sein même de la maison pour tous avec l’aide de la CPTS, une sage-femme qui a tenu des permanences et réalisé, lorsque les personnes concernées le souhaitaient, des examens ou des orientations vers des professionnels de la CPTS. Le nombre de dépistages du cancer du sein dans ce quartier a été plus faible que dans d’autres territoires, mais cette action de recours aux soins aura été très bénéfique pour les publics. » (Responsable de l’unité santé)
Sur le terrain : le Mammobile et le bus de prévention
Le Mammobile et l’unité mobile de prévention santé de la ville ont la capacité de fonctionner de manière autonome. La ville de Montpellier, et particulièrement l’unité santé, assurent une coordination du dispositif aussi bien en amont (gestion de l’occupation du domaine public, communication, mobilisation des partenaires) que le jour-j en lien avec les acteur·trices de médiation et d’interprétation.
Afin de favoriser l’aller-vers, deux services civiques sont intégrés au dispositif de la Ma.P afin d’assurer des missions de déambulation autour du camion et aller à la rencontre des publics sur leur lieu de vie : « Ils vont chercher les habitant·es qui sont assis sur un banc, à l’arrêt d’un tramway ou en terrasse de café. En outre, pour renforcer les liens de confiance, se rendre plusieurs fois dans les mêmes endroits permet de créer un lien de confiance avec certains habitants. La présence et le soutien des associations de proximité, engagées aux quotidiens dans les territoires légitimant l’action d’aller vers. » (Responsable de l’unité santé)
La présence d’interprètes lors de la venue du Mammobile
Un·e interprète est positionné·e sur le Mammobile pour les premiers échanges avec les habitant·es. La traduction par une personne connue par les habitant·es permet de les rassurer. Ils et elles peuvent être amené·es à parler l’arabe ou l’anglais en fonction des territoires.
L’accès aux droits en santé et à la mutuelle communale « familiale »
La CPAM étant présente lors des journées, elle peut ouvrir les droits de certaines personnes qui seraient concernées. Le « village santé » accueille également la mutuelle familiale, chargée de gérer et d’administrer la mutuelle communale depuis octobre 2024. Il s’agit d’un levier important permettant de lever des freins sur le recours aux soins.
La mise en place d’une cartographie avec les centres de radiologie agréés et les réseaux de transport en commun pour renforcer l’accessibilité
Dans la perspective de lever les freins à la mobilité pour se rendre vers les centres de radiologie agrées dans lesquels un créneau a été réservé, la ville a mis en place une cartographie permettant de situer les centres de radiologie et les réseaux de transport afférents. Il s’agit d’une stratégie qui présente toutefois ses limites dans la mesure où cela ne suffit pas toujours à ce que la personne puisse se déplacer vers le centre de radiologie et à lever tous les freins relatifs à la mobilité.
La communication ciblée
Il s’agit d’une communication ciblant spécifiquement les habitant·es des quartiers concernés. Ainsi, les outils de communication sont coconstruits avec les acteurs de proximité mais aussi les habitant·es qui valident les éléments de langage et les visuels utilisés. « Nous faisons de la communication de proximité via les réseaux d’acteurs existants mais aussi les structures de la ville présents dans les territoires. C’est l’une des plus-values de la collectivité. Nous essayons de travailler la communication en se basant sur la méthode FALC (Facile à lire et à comprendre). » (Responsable de l’unité santé)
Résultats de l’action
- Véritable outil d’animation territoriale, le programme a permis de fédérer et de mobiliser de nombreux acteur·trices du territoire en créant de nouveaux liens de proximité et en renforçant l’interconnaissance. Ceci a permis de débloquer certaines situations médico-sociales vécues par les habitant·es et d’améliorer la fluidité des parcours de santé de proximité sur un territoire.
- La montée en compétences des professionnel·les du territoire permet de créer une culture commune autour du dépistage des cancers mais plus largement autour de la santé. Cela produit également une autonomie dans la conduite de projets de prévention, déployés tout au long de l’année, indépendamment des actions du collectif Montpellier prévention cancers.
- Le travail avec les interprètes mais aussi avec les associations de quartier, installées et reconnues, facilite la compréhension des messages et légitime l’intervention des acteur·trices institutionnels.
Freins
- Difficultés d’accès aux publics dans certains quartiers, lorsque la dynamique n’est pas préexistante ou la configuration spatiale n’est pas favorable. « Dans certains quartiers, la dynamique associative peut être plus faible ou la configuration spatiale n’est pas favorable aux interactions sociales. L’idée est de passer par des “conseils de quartiers” ou des conseils citoyens mais aussi de lancer avec nos collègues du service politique de la ville des commissions santé territorialisées pour amorcer des dynamiques. » (Responsable de l’unité Santé)
- L’accessibilité vers les centres de radiologie due aux difficultés de mobilité des personnes a été identifiée comme un frein d’accès au dépistage. Les autres freins limitant le recours au dépistage restent à investiguer.
Leviers
- La mise en place d’une approche globale permettant de travailler avec l’ensemble des acteur·trices notamment via la structuration d’un collectif (exercice coordonné, acteurs et actrices du domaine social, lien avec la CPAM, le CRCDC, …).
Perspectives
- Une volonté forte émerge en faveur de la création de commissions santé au sein des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), afin d’y instaurer des relais locaux en matière de santé. Dans les territoires où une telle dynamique n’existe pas encore, l’objectif serait de mettre en place une « commission santé territoriale« . L’ambition est de déployer une commission santé dans chaque QPV. Ces instances pourraient être coanimées par les chef·fes de projets du service Politique de la Ville, dans le cadre du contrat de ville, et par l’équipe de l’unité santé.
- La question de la charge mentale, et plus largement de la santé mentale, est apparue comme un enjeu majeur au terme de ces journées. L’organisation de groupes de parole, en partenariat avec l’association Césame Migration Santé, constitue une piste pertinente pour aborder ces problématiques. Cette initiative pourrait s’inscrire dans le cadre du Conseil Local de Santé Mentale (CLSM), également porté par la Ville. À ce sujet, le responsable de l’unité santé souligne : « La santé mentale des femmes dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) pourrait constituer une thématique particulièrement intéressante à explorer dans ce cadre. »
Conseil(s) du porteur pour reproduire ce projet
- Développer une approche fédératrice en favorisant la présence d’acteur·trices très différents. En ce sens, le positionnement de la ville via le Contrat local de santé (CLS) et le contrat de ville est majeur.
- Favoriser le triptyque CPAM, collectivité territoriale et professionnelles de santé et les dynamiques locales de manière à ce que les liens créés par le programme deviennent un véritable outil d’animation territoriale.
Repères sur le territoire
- Territoire : ville de Montpellier
- Contrat de ville: oui (les 10 QPV de la Métropole sont à Montpellier)
- Démarche territoriale de santé: CLS ville de Montpellier, CLSM de la ville de Montpellier, contrat de ville
Contact référent
Nom : DUFOUR Olivier
Fonction : Responsable de l’unité santé
Structure : Ville de Montpellier
Mail : Olivier.dufour@montpellier.fr
Complété le 27/10/2024
[1] Le Contrat Local de Santé – Ville de Montpellier
[2] Ma.P, l’unité mobile de prévention santé – Ville de Montpellier
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