Le sociologue Florian Pedrot étudie l’affaire dite des « bébés sans bras ».

À l’automne 2018, la France découvre, par les médias, l’existence de cas groupés inexpliqués de bébés nés avec des malformations en plusieurs endroits du territoire. Et que de surcroît, après avoir enquêté, les autorités sanitaires n’ont trouvé aucune cause commune aux agrégats et ont jugé inutile de poursuivre les recherches. Tous les ingrédients d’une crise sanitaire sont présents, mais celle-ci fait long feu, non en raison du petit nombre de cas répertoriés (une quinzaine), mais plutôt du fait de la difficulté à établir des relations de cause à effet dans le domaine de la santé environnementale, auquel ce dossier appartient. Aussi, cette histoire permet d’éclairer un aspect saillant du gouvernement contemporain des crises sanitaires : la propension des autorités à mettre en avant l’état des savoirs et des doutes pour justifier leur action. C’est à un tel gouvernement des crises sanitaires dans et par les connaissances scientifiques que cet article est consacré.

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