Fiche-identité de l’action

Porteur du projet : Ville de Marseille

Statut du projet : En cours de diffusion

Échelle : Ville de Marseille

Thématique traitée : santé menstruelle et santé des femmes

Public visé : professionnel.les ; acteur.actrices de l’éducation, tout public

Partenaires opérationnels :

  • Partenaires marseillais : le planning familial 13, les Petits Débrouillards PAC, Coeur de cagoles, Lycée La Calade, Collège Jules Ferry
  • Partenaires Dakarois : Le COSEFOR (centre de formation), le centre ado de la Ville de Dakar, le lycée John Fitzgerald Kennedy, l’association franco-sénagalaise Biodiversity for Peace…

Partenaires financiers :

Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères + Ville de Marseille + Ville de Dakar

Gouvernance :

1) Une équipe de coordination (composée de 2 chargées de mission de la Ville de Marseille et une cheffe du service des relations extérieures et de la coopération de la Ville de Dakar). Cette équipe fait le lien entre les élu.es, acteur.ices de terrain, membres du COPIL et les groupes de travail. Elle s’occupe également de la logistique et administrative, et est garante du calendrier prévu.

2) Un COPIL co-présidé par le Maire de Dakar, Monsieur Barthélémy DIAS, ou son/sa représentant.e (président.e de la commission santé), et la Première Adjointe au Maire de Marseille, Madame Michèle Rubirola. Il était composé :

– des membres des directions des RI et directions de la santé de la ville de Marseille et de la ville de Dakar

– d’associations : Petits Débrouillards 13, Planning Familial 13, Cœur de Cagoles, Biodiversity for Peace

– de lycées test ( John Fitzgerald Kennedy de Dakar + la Calade de Marseille)

– l’Académie Aix-Marseille

– le Centre Ado de Dakar

– les représentant.es des Etats, dont le Consul du Sénégal à Marseille et un représentant de la préfecture

– d’un représentant religieux de la ville de Dakar (conseiller du maire)

Il avait un pouvoir décisionnel et était garant de la réalisation des objectifs du projet. Le COPIL venait arbitrer les points de difficultés rencontrés en groupe de travail. Les décisions étaient votées par la majorité des membres présent.es avec autorisation de procuration si absence.

3) Un COTECH dans chaque ville. L’objectif était de faciliter la réunion des acteurs et la coordination des actions dans chaque ville.

Contexte et problématiques

Une initiative portée par le service Prévention et Promotion de la Santé (PPS) ainsi que la direction relations internationales et europe (DRIE) de la ville de Marseille.

Le projet « agir pour la santé menstruelle des femmes à Marseille, un projet partenarial entre Marseille et Dakar » est porté par le service de Prévention et de Promotion de la Santé (PPS) ainsi que par la Direction Relations Internationales et Européennes (DRIE) de la ville de Marseille.

Le service PPS est composé de huit personnes : un chef de service, deux assistances administratives ainsi que cinq chef.fes de projets en santé publique.

Deux chef.fe.s de projet du plan obésité infantile, d’un.e chef.fe de projet « santé mentale », d’un.e chef.fe de projet « médiation en santé et accès à la santé» d’ un.e chargée de mission « réduction des risques », et d’une cheffe de projet santé des femmes qui est référente sur cette action.

Concernant les coordinateurs du Contrat local de santé (CLS) et Conseil local de santé mentale (CLSM), il.elles ne sont pas directement intégré.es dans le service PPS mais directement rattaché.es au directeur du pôle santé. Le pôle santé regroupe le service PPS mais aussi un service santé environnement, ainsi qu’un service « une seule santé One Health », et un centre de vaccination internationales et enfin, une maison sport santé

La précarité menstruelle, une entrave la scolarité des jeunes menstrué.es

Le projet part d’un constat, celui que la précarité menstruelle entrave la scolarité des jeunes menstrué.e.s dans les deux villes que sont Marseille et Dakar. Le concept de précarité menstruelle renvoie aux difficultés, pour les personnes réglées, d’accéder à suffisamment de produits menstruels et/ou à des produits de bonnes qualités, et donc à l’impossibilité de vivre dignement ses règles. La problématique de la précarité menstruelle est indissociable des enjeux plus larges liés à la santé menstruelle et aux représentations qui l’entourent (ex : perceptions des règles comme étant « sales »), qui créent des tabous, participent de la diffusion de fausses informations et donc entravent la mise en place de comportements favorables à la santé. La précarité menstruelle est donc liée au coût financier des règles ainsi qu’à la façon dont ce sujet est considéré socio-culturellement.

Un diagnostic comme point d’appui

Concernant la ville de Marseille, le projet s’appuie sur un diagnostic de la précarité menstruelle au sein du territoire choisi pour tester le projet, à savoir le secteur du Lycée La Calade et du Collège Jules Ferry situés au sein du Quartier Prioritaire de la Ville (QPV) Campagne Lévêque du 15ème arrondissement. Ce diagnostic a été réalisé avec l’appui d’une consultante externe via une enquête par questionnaire auprès d’adolescent.es scolarisé.es au sein de deux établissements (à noter que le territoire pilote est une zone assez restreinte car le but était dans un premier temps de rendre le travail plus approfondi pour pouvoir envisager seulement dans un second temps un essaimage plus large).

Les principaux résultats de ce diagnostic étaient les suivants :  plus de la moitié des jeunes interrogé.es expriment leurs difficultés à évoquer ce sujet (64,1%) ; 68,7 % trouvent plus ou moins gênant, voire impossible (7,8%) d’aller récupérer des supports menstruels dans un lieu public. Seul.es 9,9 % mentionnent les réseaux sociaux comme source d’information à ce sujet et 8,1 % internet. 54,7 % affirment avoir manqué des cours à cause de leurs règles, essentiellement en raison de douleurs menstruelles (89,2%).

Objectifs de l’action

> 1 ère phase du projet (2022-2023)

  • Réduire les inégalités de santé filles-garçons et les discriminations liées aux règles en déconstruisant les tabous et stéréotypes ;
  • Agir pour la santé des jeunes filles en sensibilisant et formant les professionnels à lathématique des menstruations ;
  • Favoriser leur scolarité puisque la lutte contre la précarité menstruelle est une lutte contre l’absentéisme ou le décrochage des filles en milieu scolaire ;
  • Protéger l’environnement en mettant en place des pratiques écologiques et circulaires, économiques, via la réalisation de protections menstruelles réutilisables, faites à partir de matériaux recyclés ;
  • Favoriser le dialogue au sein des différents groupes sociaux (collégiens, lycées, familles, etc..).

 

> 2 ème phase (2024)

Les objectifs du projet concernent désormais non plus seulement les jeunes mais bien la population générale.

Ainsi, les objectifs renouvelés sont les suivants :

  • Agir pour la santé des femmes en générale et réduire les inégalités de santé liées au genre en déconstruisant les tabous et stéréotypes liées aux règles ;
  • Favoriser les parcours scolaires mais aussi professionnels des femmes puisque comme pour les jeunes filles, la lutte contre la précarité menstruelle permet d ‘améliorer les conditions de travail et éviter les ruptures de parcours;
  • Protéger l’environnement en mettant en place des pratiques écologiques et circulaires, économiques, via la réalisation de protections menstruelles réutilisables, faites à partir de matériaux recyclés ;
  • Favoriser le dialogue au sein des différents groupes sociaux (familles, amis, milieu professionnel, …)
Description de l’action

L’action principale du projet est la réalisation d’un outil spécifique à destination des professionnel.les : un kit sur la thématique des menstruations qui permette à tout personnel en lien avec les jeunes de leur proposer des séances éducatives sur la santé menstruelle et de couture.

Chaque kit est composé d’un livret pédagogique composé de jeux à décliner autour des règles ainsi que patrons de couture, avec une pochette hermétique composée d’un échantillon de tissu, et d’un prototype d’une serviette réutilisable.

Eléments saillants
  • Le travail de coopération entre les deux villes a permis un échange de pratiques fortement bénéfiques pour la pertinence et le caractère innovant du projet. Par exemple, l’idée d’intégrer un « volet couture » au projet est née du constat que certaines jeunes filles de Dakar se sont auto-organisées pour créer des supports menstruels réutilisables et lutter contre la précarité menstruelle vécues par elles-mêmes et leurs pairs.
  • Le fait de faire participer le public à la réalisation de serviettes hygiéniques en tissusa été vecteur d’émancioation: « la créativité comme facteur d’émancipation » – cheffe de projets santé des femmes.
  • Les rencontres avec des jeunes à Dakar en janvier 2023 ont permis de faire émerger le volet « couture » du kit puisque des jeunes filles du lycée JFK s’étaient auto-organisées pour lutter contre la menstruelle en faisant des ateliers coutures ;
  • Les pochettes hermétiques du kit Sang Tabou ont également été réalisées dans un premier temps, par des jeunes du CAP couture du Lycée la Calade puis ensuite par des jeunes du CAP «  Métiers de la mode – Vêtement Flou » de l’école Fask Academy.
  • L’intégration du public cible s’est mise en place tout au long du projet :
  • Dans un premier temps, les jeunes ont été impliqués via le questionnaire de diagnostic diffusés à Marseille au sein du Lycée La Calade et le Collège Jules Ferry, via les infirmières scolaires.
  • Les jeunes ont ensuite été « impliqués» de manière plus indirecte via le retour expérientiel de professionnels clés : en s’inspirant de l’expérience et des connaissances du PF13 et des Petits Debrouillards qui sont en lien avec les jeunes, et via la contribution des infirmières scolaires des lycées partenaires qui reçoivent plusieurs jeunes chaque jours.
  • La mise en place de partenariats intersectoriels avec des professionnel.les de la santé menstruelle mais aussi des partenaires de la santé menstruelle a permis l’élaboration du kit pédagogique et sa diffusion vers les professionnel.les (associations majoritairement).
freins
  • Adaptabilité de l’outils aux publics et aux territoires. La déclinaison locale n’est pas encore mise en place afin de permettre une diffusion fine de l’outil ;
  • Les temps en distanciels pour certains Cotech et Copil n’ont pas permis que ces derniers se déroulent dans de bonnes conditions.
leviers
  • Le portage politique a été un véritable point d’appui : « Que ce soit à Marseille ou à Dakar, chacune des deux villes, portaient un engagement fort en faveur de la santé des femmes pour la première, ou plus précisément pour la scolarisation des jeunes filles pour la deuxième, qui ont permis au projet de gagner en ampleur, engagement et visibilité» – cheffe de projets santé des femmes
  • Les partenaires du projet ont été particulièrement indispensables pour la création du kit pédagogique : « Pour le volet kit pédagogique, le Planning Familial en tant qu’expert de la santé menstruelle et de la santé sexuelle, ainsi que les Petits Débrouillards en tant qu’expert de l’éducation populaire et de la conception pédagogique pour vulgariser des savoirs scientifiques ont été une ressource indispensable pour l’élaboration du livret » –cheffe de projets santé des femmes
  • Pour le volet couture du projet (que ce soit par l’échantillon de tissu présent dans la pochette hermétique ou l’atelier de couture proposé dans le livret via des exemples de patrons de serviettes réutilisables) : plusieurs acteurs ont été essentiels et initiateurs de ce volet. Dans un premier temps, le lycée JFK de Dakar où des jeunes s’étaient auto-organisées pour lutter contre la précarité menstruelle en faisant des ateliers couture.
  • Ensuite, la collaboration avec le lycée professionnel « La Calade » qui propose une formation couture a été un véritable point d’appui. Enfin, l’existence sur Marseille depuis plusieurs années, de l’association « Coeur de Cagoles » de lutte contre la précarité menstruelle via le prisme de la couture, également partenaire du projet a été un point d’appui.
résultats de l’action

Le projet a eu plusieurs impacts positifs :

  1. Faire de la santé et précarité menstruelles des sujets incontournables dans les politiques de santé publique locale ;
  2. Permettre aux jeunes filles et femmes de parler ouvertement sans gêne et sans tabou des règles et de leurs impacts dans leurs vies personnelles et professionnelles ;
  3. Impliquer les jeunes garçons notamment via des ateliers et prises de paroles ;
  4. Mettre en avant les problématiques liées aux sanitaires dans les collèges, lycées, lieux de travail et l’impact d’un manque d’accès, de propreté, d’intimité sur la vie des femmes pendant la période des règles. Suite à la journée de la précarité menstruelle à Dakar, la municipalité s’est engagée à rénover les sanitaires du lycée partenaire du projet (JF Kennedy) et à distribuer gratuitement aux élèves des serviettes lavables réutilisables ;
  5. A Marseille, les associations partenaires se sont unies afin de créer des ateliers de paroles sur le sujet et mettent en place des outils pédagogiques propres à leurs structures. C’est le cas des Petits Débrouillards qui travaillent sur des actions communes avec le Planning familial 13.
  6. Favoriser la protection de l’environnement en proposant un patron et un tuto pour coudre ses serviettes hygiéniques réutilisables (car lavables).
Perspectives

Une des perspectives de la ville de Marseille concernant la santé des femmes est de l’aborder d’une manière plus transversale notamment via la structuration d’une mission spécifique autour de trois grands axes dont fait partie la santé menstruelle.

La mission santé des femmes s’articule autour d’une feuille de route en cours de construction au moment de l’entretien avec la contributrice, cheffe de projets santé des femmes :

  • L’accès à la santé (offre de soins, prévention et promotion de la santé) des femmes en situation de vulnérabilité et de grande précarité ;
  • La visibilisation et la réponse apportée aux besoins de santé spécifiques de la santé des femmes, avec une priorité accordée à la santé menstruelle et la santé reproductive ;
  • La question de la place du système de santé dans la prise en charge des femmes victimes de violences (intra-familiales, sexistes et/ou sexuelles). Outre le service prévention, et promotion de la santé, la ville est dotée d’un service droit des femmes travaillant en articulation avec le service santé des femmes, notamment sur la question des violences faites aux femmes.
Conseils pour reproduire ce projet
  • S’appuyer sur les ressources du territoire qui œuvrent en faveur de la santé menstruelle afin de co-construire le contenu du kit.
  • En parallèle, s’appuyer sur une structure experte dans la conception pédagogique et vulgarisation scientifique.
  • Pour davantage de pertinence, envisager une adaptation du contenu du livret pédagogique (ressources, références, éléments de langages, exemples, …) selon le public ou le territoire d’intervention.
  • Ne pas hésiter à réajuster et étendre les objectifs durant le projet. En l’espèce, il a été question d’étendre l’ensemble des objectifs de base du projet à ces publics, de façon à doter au maximum le territoire marseillais d’une politique publique de lutte contre la précarité menstruelle. De plus, pour que le sujet et les tabous socio-culturels évoluent il semble indispensable de toucher un maximum de personne, issues de différents milieux sociaux, de différents âges, etc…
Repères sur le territoire

Territoire : Ville de Marseille et Ville de Dakar

Contrat de ville : Oui sur Marseille

Démarche territoriale de santé : CLS et CLSM de la ville de Marseille

 

Contact référent

Nom : Emeline Tur ; Aurélie Schaller,

Fonction : Cheffe de projet santé publique – santé des femmes ; cheffe de projets relations internationales

Structure : ville de Marseille

Mail : etur@marseille.fr ; aschaller@marseille.fr