Par l’Association Ikambere

Rédigée par Bernadette RWEGERA (Directrice-fondatrice), Fatem-Zahra BENNIS (directrice-adjointe) et Roukhaya HASSAMBAY (Cheffe de projets et partenariats)

PROBLÉMATIQUE & CONTEXTE

Fondée en 1997 l’association Ikambere gère trois centres en Ile-de-France pour accompagner les femmes vulnérables vers l’autonomie : un centre d’accueil de jour dédié à la prise en charge des femmes vivant avec le VIH ; un centre d’accueil de jour dédié à la prise en charge des femmes touchées par un diabète, une obésité et/ou une hypertension artérielle ; une maison de vacances qui propose des séjours « Santé, bien-être et sororité ».

Les actions s’inscrivent dans un contexte d’accroissement des inégalités sanitaires, socioéconomiques, territoriales et de genre. Bien que les portes de l’association soient ouvertes à toute femme vivant avec une maladie chronique (VIH, diabète, obésité, hypertension artérielle), ces pathologies impactent de façon disproportionnée les populations précaires et particulièrement les femmes migrantes venant d’Afrique, que nous accueillons majoritairement. En plus de leur maladie, ces femmes sont victimes d’une « double discrimination » en raison de leur genre et leur origine ethnique. Elles rencontrent des barrières multiples[1] dans l’accès aux soins et à l’insertion sociale et professionnelle qui les démoralisent, les isolent et contribuent à les maintenir dans la précarité.

L’association apporte un accompagnement holistique et centré sur la personne. En effet, la prise en charge des maladies chroniques est divisée entre différent·es acteur·rices (médecins, diététicien·nes, pédicures-podologues, infirmier·ères, enseignant·es en activité physique adaptée, etc.) et différents types de structures (hôpitaux, cabinets libéraux, centres de santé, associations, etc.). Cette prise en charge se limite bien souvent à une prise en charge médicale et thérapeutique, qui ne prend pas suffisamment en compte les conditions de vie des personnes et peut s’avérer inefficace. Dans une autre perspective, Ikambere propose d’agir non seulement sur la santé physique de la personne et les déterminants sociaux de la santé comme le revenu, l’insécurité alimentaire, le mal- logement, le lien social et l’éducation à la santé.

[1] Discriminations, précarité, barrières de la langue, perte de repères du fait de la migration, etc.

OBJECTIFS

L’association tend à une prise en charge personnalisée des femmes vivant avec une maladie chronique (VIH, diabète, obésité, hypertension artérielle) en Île-de-France. Sa méthodologie d’accompagnement global permet aux femmes en situation de précarité d’améliorer leur état de santé, de retrouver confiance en soi et de se relever afin d’aller progressivement vers l’insertion sociale et professionnelle.

RACONTEZ VOTRE PROJET…

Ikambere offre dans ses centres d’accueil de jour un accompagnement pluridisciplinaire qui permet d’agir sur les déterminants sociaux de santé. Sa méthodologie s’appuie sur un suivi personnalisé et individuel, et comporte une dimension collective favorisant l’échange et la création du lien entre semblables (ateliers d’activité physique, de nutrition, de socio-esthétique, d’éducation thérapeutique de la patiente, etc.).

L’équipe pluridisciplinaire d’Ikambere, à 90 % féminine, est composée de travailleur·euses sociaux·ales, de médiatrices en santé, d’un coach sportif/éducateur d’Activité Physique Adaptée (APA), d’une diététicienne, d’une conseillère en insertion socioprofessionnelle et d’une socio-esthéticienne.

En plus de l’accompagnement proposé dans ses trois centres, l’association favorise également l’accès aux soins, aux droits et à l’information en allant vers les populations vulnérables. Une équipe de six médiatrices en santé contribuent à une meilleure prise en charge des patient·es à l’hôpital. Elles sont présentes dans 12 hôpitaux avec lesquels l’association a signé des conventions partenariales pour faciliter la communication entre les professionnel.les et les patient.es, apporter des informations sur la santé et orienter vers des lieux-ressources. Ikambere intervient également dans des foyers de travailleur·euses migrant·es et centres d’hébergement pour animer des sessions d’information et de sensibilisation sur le VIH, les IST et la santé sexuelle. Pour favoriser le dépistage au VIH, VHC et VHB, elle propose des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) au grand public sur la Place Tilleuls et la Place du 8 Mai 1945 à Saint-Denis 3 fois par mois.

Enfin, Ikambere propose des formations à destination des professionnel·les du médico-social sur l’ensemble du territoire français. Elles portent sur les enjeux combinés du VIH et de la précarité, et la santé sexuelle des femmes migrantes d’Afrique sub-saharienne. Ces formations gratuites permettent à l’association de partager son unique savoir-faire et de diffuser sa méthodologie.

RÉSULTATS

Par rapport aux objectifs, quels résultats ont été obtenus ?

Une étude d’impact réalisée avec le cabinet d’évaluation Eexiste ainsi qu’un diagnostic stratégique de développement réalisé avec ADASI démontrent l’efficacité de la méthodologie holistique adoptée pour améliorer la qualité de vie, la confiance en soi et l’insertion socio-professionnelle des femmes vulnérables vivant avec des maladies chroniques.

A travers ses 3 sites en Ile-de-France (Saint-Denis, Ivry-sur-Seine, Nesles-la-Vallée), l’association accompagne environ 600 femmes par an vers l’autonomie, de façon inconditionnelle, quelle que soit la situation administrative ou la couverture maladie. En général, les bénéficiaires d’Ikambere deviennent autonomes (insertion sociale et professionnelle, regain de confiance en soi, etc.) après deux à trois ans d’accompagnement.

Avez-vous observé des effets inattendus ?

Un des effets inattendus de l’accompagnement est sa continuité dans la durée. En effet, suite à l’accompagnement vers l’emploi, les femmes sont beaucoup moins présentes au sein de l’association, mais reviennent une fois qu’elles atteignent l’âge de la retraite. Cela est dû au fait que beaucoup de ces femmes, qui ont quitté leur pays d’origine et ont parfois été rejetées de leur entourage du fait de leur séropositivité, souffrent d’un grand sentiment d’isolement lorsqu’elles ne sont plus en âge de travailler. Ikambere a donc développé des projets spécifiques pour favoriser le lien social et le bien-être des femmes seniors accompagnées par l’association.

Quelles sont les perspectives pour l’action ?

Pour multiplier son impact, l’association a décidé d’ouvrir un deuxième centre d’accueil de jour à Ivry-sur-Seine en février 2022 pour accompagner les femmes précaires vivant avec un diabète, une obésité et/ou une hypertension artérielle vers l’autonomie et l’empowerment.

Si un autre territoire souhaitait reproduire votre action, quels conseils lui donneriez-vous ?

Ikambere accorde une importance particulière au tissage de liens de proximité et de confiance entre l’équipe et les bénéficiaires, au maillage territorial fort et à l’inclusion du public visé dans l’élaboration des actions. Ces trois facteurs sont essentiels à l’élaboration de réponses adaptées aux problématiques complexes rencontrées par les populations et sont nécessaires à l’adhésion de la population aux solutions proposées. Ils permettent d’inscrire l’action dans la durée et de garantir un impact sur le long terme.

FICHE-IDENTITÉ DE L’ACTION

Porteur de l’action :

Association Ikambere

Territoire d’intervention :

Île-de-France.

Cadre(s) d’intervention/politique(s) dans lequel s’inscrit l’action :

L’engagement de l’association s’inscrit dans une logique de santé communautaire. S’appuyant sur une démarche participative, les actions d’Ikambere sont développées à partir des besoins exprimés par les femmes. Elles sont parties prenantes dans la réalisation des diagnostics et projets des centres, et actives dans leurs projets professionnels et personnels.

Publics visés :

Les femmes vivant avec des maladies chroniques (VIH, diabète, obésité, hypertension artérielle) en Île-de-France.

Partenaires opérationnels :

Depuis sa création, Ikambere a construit un important maillage avec des structures associatives et sociales du territoire francilien, afin d’apporter une réponse multisectorielle et locale aux femmes accompagnées. L’association peut ainsi les orienter vers des structures spécialisées lorsque la prise en charge n’est pas optimale au sein du centre. Elle travaille notamment avec : Interlogement 93, des mairies, des bailleurs sociaux, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, la Caisse d’Allocations Familiales, Pôle Emploi, etc.

L’association accueille également des professionnel·les médico-sociaux au sein de ses centres pour l’animation de séances d’information, de dépistages, etc.

Ikambere entretient des relations étroites avec des hôpitaux locaux, lui permettant de recevoir régulièrement des femmes pouvant bénéficier d’un accompagnement. Cette relation favorise l’émergence d’une vision commune et d’objectifs partagés, et la réduction du décalage entre les secteurs médical et social. Cela contribue à améliorer la prise en charge des personnes.

Partenaires financiers :

Une trentaine de partenaires financiers (publics et privés) permet à l’association de mener à bien ses actions.

Précisez la gouvernance de l’action :

L’association Ikambere est dotée d’un Conseil d’administration qui se réunit deux à trois fois par an. Il est en charge des orientations stratégiques et financières, de leur conformité et des comptes. Le président délègue la gestion opérationnelle à une directrice en charge de la conduite quotidienne de l’équipe, du budget et des actions. Une équipe de direction composée exclusivement de femmes assure la coordination, le suivi et l’évaluation interne du projet. Elle est également chargée de mobiliser les partenaires financiers et institutionnels nécessaires au projet.

TERRITOIRE

Votre action s’inscrit-elle dans une dynamique territoriale de santé ?

Un Atelier Santé Ville

Un contrat local de santé

Un conseil local de santé mentale

X Autre (précisez : Ikambere est une association de loi 1901 qui est sous la tutelle de l’ARS Ile-de-France)

Le territoire est-il couvert par un contrat de ville ?

X Oui

Non

Ne sait pas

Si oui, votre action s’inscrit-elle dans le contrat de ville ?

Oui

X Non

Ne sait pas

AUTRES RESSOURCES

Rapport d’activités 2021

Santé publique France, La médiation en santé : un nouveau métier un nouveau métier pour lever les obstacles aux parcours de soin et de prévention et de prévention, cf. un entretien avec Bernadette Rwegera et un article par les chercheuses Annabel Desgrées du Loû et Julia Eid portant sur les actions d’Ikambere (juin 2022)

Les tribunes de la santé, « L’approche communautaire en santé : un levier de protection des personnes vulnérables en temps de crise sanitaire ? » par Roukhaya Hassambay, Fatem-Zahra Bennis, Bernadette Rwegera et Annabel Desgrées du Loû (mai 2022)

Description de l’outil de prévention « Réponses pour elles », développé par Ikambere en collaboration avec le Crips Ile-de-France.

CONTACT RÉFÉRENT

Prénom Nom

  • Bernadette RWEGERA

Fonction

  • Directrice-fondatrice

Structure

  • Association Ikambere

Mail

Tél

01 41 65 94 44

Mis à jour en décembre 2022

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